Sahaza Marline R.

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Opinions

Comment la Gen Z du Népal a hacké la révolution 2.0

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Oubliez les manifestes en papier et les téléphones fixes. La Gen Z népalaise vient de nous donner une masterclass sur la manière de mener une révolution à l'ère du numérique, et c'est un spectacle fascinant. Ils n'ont pas simplement utilisé les réseaux sociaux pour organiser un rassemblement, ils les ont transformés en une véritable force de frappe. Pour quiconque s'intéresse au pouvoir du web, c'est l'équivalent d'un tutoriel sur YouTube, mais pour changer le monde.

Hashtag, le nouveau coup de sifflet

Tout a commencé par un hashtag. Pas un long communiqué de presse, pas un appel à la grève complexe. Juste #EnoughIsEnough. C'est le genre de punchline qui ne nécessite pas d'explication. Il résume à lui seul la frustration d'une génération.

Ce qui est génial, c'est la façon dont ils ont utilisé l'écosystème numérique. Twitter pour la viralité, TikTok et Instagram pour le storytelling visuel. Les mèmes sont devenus des affiches de protestation et les vidéos courtes des slogans qui ont fait le tour du monde. Un manifestant n'avait pas besoin de se filmer en train de crier des revendications ; il pouvait simplement partager une vidéo ironique sur la corruption ou la pénurie d'emplois, et le message passait. C'est le pouvoir de la communication décentralisée. Un seul like ou un simple partage pouvait faire d'un petit post le point de départ d'une vague.

Ce qui aurait fait mouche : S'ils avaient créé un site centralisé, un peu comme une "wikipédia de la révolution", pour archiver toutes les preuves de corruption ou les témoignages. Un endroit où l'on aurait pu tout trouver en un clic, et qui aurait donné une légitimité et une puissance à long terme à leur combat.

Quand la coupure internet devient un boost

Imaginez : le gouvernement coupe les réseaux sociaux pour faire taire la contestation. C'est comme si, en plein concert, vous décidiez de couper l'électricité pour que les gens arrêtent de danser. Ça ne fait qu'énerver la foule, qui commence à taper dans les mains en attendant que la musique revienne, ou qui se met à chanter elle-même.

C'est exactement ce qui s'est passé au Népal. La censure numérique, loin d'être un frein, est devenue la preuve que le mouvement était une menace pour l'État. C'était la meilleure publicité possible pour le mouvement : "Regardez, ils ont peur de nous !"

Le coup de maître raté : Ils auraient pu anticiper. Utiliser des applications de messagerie chiffrée ou des réseaux de communication "mesh" qui fonctionnent même sans internet. Pour les experts, c'est le B.A.-BA de la résistance numérique. Un peu comme avoir un plan B quand le Wi-Fi lâche : on passe en 4G.

La pop culture au service du changement

Quand des rappeurs, des musiciens et des youtubeurs s'y mettent, ça devient une révolution de la pop culture. Leurs chansons ne sont plus de simples tubes ; ce sont des hymnes de contestation. C'est comme si un artiste populaire décidait de dédier son prochain album à la lutte pour le climat, avec chaque morceau dénonçant un problème précis.

Leur audience, qui les suit déjà pour leur musique ou leurs vidéos, se retrouve exposée à un message plus profond, sans même s'en rendre compte au début. C'est l'art d'utiliser l'influence de manière intelligente pour propager un message politique sans avoir l'air de faire de la politique.

En bref, la Gen Z népalaise a montré que la révolution a changé de terrain. Elle a migré du pavé à l'écran, et elle est plus rapide, plus virale et plus créative que jamais. À l'avenir, les gouvernements ne devront plus seulement surveiller les rues, mais aussi les réseaux sociaux, le streaming et les communautés en ligne. L'ère du "digital-first" est bien là, et elle ne se limite pas au commerce ou à l'art. Elle concerne aussi le changement social.

Zosahaza Marline R.

À propos de l'auteur

Référent expert en numérique, mentor engagé et explorateur d’idées utiles. J’écris pour celles et ceux qui veulent comprendre, créer, et transformer.

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